vendredi 2 janvier 2015

Il y a 28 ans et quelques (rétrospective très succincte depuis 1994, mise à jour 2022)

J'envisage de mettre à jour cet article jusqu'à 2022, merci de patienter. 

Il y a 28 ans, donc, après mise à jour :

- 1994, je passais mon BAC (Je l'ai obtenu sans mention, j'ai du avoir 11,75 ou un peu moins, moyenne plombée par des notes entre 4 et 7 en Français, Histoire-G et Philo). Les finances familiales ne m'ont pas donné accès à un internat pour poursuivre mes études. De toute manière je ne sais pas dans quel domaine j'aurai voulu continuer. Cette même année, j'ai eu mon permis, récompense pour la réussite au BAC.

- 1995, j'ai tenté le concours pour être militaire, solution de facilité, mais le milieu ne m'étais pas totalement inconnu. Et puis de toute manière, un BAC général ne permet pas beaucoup d'ambition professionnelle. J'ai été reçu en école de sous-officiers.

- 1996, fin de ma formation initiale : engin amphibie. Si par la suite j'ai acquis les compétences équivalentes aux plus gros bateaux fluviaux, cela ne m'a jamais donné les permis qui vont avec. Dommage.

- 1997-1998, au cours de cette saison, j'ai intégré une petite troupe de théâtre amateur. Une seule saison, car la disponibilité demandée par l'armée ne me laisse pas de temps suffisant pour continuer. Ça a été l'occasion de grandes amitiés, estompées par la suite à cause de mon départ, mais dont j'ai toujours la trace, heureusement.

- 1999, je m'inscris à un stage de découverte du parachutisme sportif. La méthode de sauts successifs en ouverture auto ne me convient pas. J'ai fait mes 10 sauts du forfait et n'ai jamais recommencé.

- 2000, mon métier me permet de passer 4 mois à La Réunion. Je garde de merveilleux souvenirs de ce petit séjour, j'y repense souvent. Je passais mes moments de repos à St-Gilles avec quelques collègues. J'ai découvert cette année des personnes formidables sur cette petite île où toutes sortes de paysages sont accessibles en moins d'une heure de voiture.

- 2001, Rien de notable. 

- 2002, à l'automne, je suis en stage à Angers. Je profite de la salle informatique pour passer mes soirées sur un salon de discussion Internet où je croise tous les jours une gamine de 10ans ma cadette, mais avec laquelle j'ai un très bon feeling. Elle s'appelle Julie. Ça fait du bien de discuter sérieusement de conneries et de délirer sur les choses graves. On cause, on flirte. On se croise une fois en vrai, puis la seconde fois, on prend le temps de discuter un peu. On se quitte comme des cons sans même avoir osé s'embrasser, pour ne nous retrouver qu'après 31 mois de relation à distance.

- 2003-2005, je passe deux années à l'autre bout du monde. Le chef y est tellement con que je demande à rentrer au bout de la première année. Refus de la hiérarchie, mais je change de service. Je tombe alors avec un supérieur que tout le monde considère comme une peau de vache : un des meilleurs chefs que j'ai jamais eu !

- 2005, je passe 10 jours en Nouvelle Zélande avec mon club de sport. 10 jours de courses et tourisme dans le plus agréable pays dans lequel j'ai mis les pieds. Je me suis promis d'y retourner un jour, mais je n'ai jamais planifié de date pour ça.

- 2005 toujours, je rentre en France métropolitaine, dans la ville même de cette gamine qui m'a attendu. On se retrouve et on ne se quitte plus.

- 2006, on s'installe dans notre premier appart.

- 2007, on se marie.

- 2008-2009, on s'aime. Un tout petit bébé décide qu'après 15 jours dans l'utérus il n'est pas assez bien parti et s'en va rejoindre les anges.

- 2010, un nouveau chef à la caserne me donne la nausée : je quitte l'armée et emmène Julie à plus d'une heure de route de sa ville, qu'elle quitte pour la première fois aussi longtemps.

- 2010, tandis que le processus de reconversion me permet de suivre une formation d'électricien, Julie engage une formation de bébé. Celui-ci se sent bien dans cet utérus tout équipé.

- 2011, nous sommes parents !

- 2011-2013, après mon CAP et quelques mois d'intérim, je reprends une formation pour préparer un BTS en électrotechnique. Formation en alternance, donc à moitié bien faite. Si l'entreprise ne m'apporte rien d'utile, mes profs en formation académique sont au top et me permettent d'obtenir la meilleure note de mon académie (16,72, avec 14 en français !). Pour ces deux années, j'éloigne encore Julie de sa région, à 600km cette fois. J'en pleure à sa place de lui faire quitter une si grande partie de sa vie.

- 2013, nous faisons connaissance avec notre 2ème garçon.

- 2014, je ne suis pas resté dans l'entreprise qui s'est foutue de la gueule de ses alternants. Je passe 9 mois de chômage à me voir refuser des postes pour manque d'expérience (Merci l'alternance foireuse !), mais une de mes candidatures est retenue. Je passe plein de tests et d'entretien puis je suis embauché comme technicien supérieur de maintenance en sous-stations pour la SNCF.

- 2015, j'ai réussi la formation interne pour adapter mes compétences au domaine spécifique de la Haute Tension et de la Traction Electrique Ferroviaire, je suis de ceux qui assurent qu'il y ait toujours de l'électricité dans les caténaires (tant que ça ne met personne ni rien en danger, bien entendu).
Les premières années ne seront pas simples, du fait d'un contexte particulier dans le service qui va m'accueillir, mais aussi d'une formation interne très rapide et très incomplète, couplée à un processus d'intégration peu pragmatique. Je vais arriver responsable d'une équipe de cheminots en place depuis plus de 15 ans. J'aurai au moins aimé apprendre le boulot avec l'équipe qui me sera confiée, afin qu'on apprenne à se connaitre professionnellement, qu'on apprenne à travailler ensemble, qu'ils m'apprennent les subtilités de l'équipe et que je leur montre ma volonté de maitriser les choses, mais ce n'est même pas le cas. Ils connaissent le boulot parfaitement et l'un d'eux aurait du prendre le poste qui m'a été donné. Les circonstances et les humeurs de part et d'autre ont fait que la hiérarchie leur a refusé cette promotion. Mise à jour : cela s'est très bien déroulé pour moi malgré mes craintes. L'équipe m'a expliqué son boulot, et je pense que mes capacités à vite comprendre, et la confiance que je montrais (je ne me voyais pas comment leur expliquer un boulot qu'ils connaissaient évidemment mieux que moi) ont rassuré les agents.

- 2016, notre 3eme garçon rejoint la fratrie.

- 2016-2018, la vie suit son cours, routine. Notre fils né en 2013 présente des comportements particuliers sur lesquels l'école nous alerte. Au bout de quelques années, après des suivi auprès de pros incompétents, il sera diagnostiqué autiste.

- 2017, un programme immobilier nous permet d'envisager de devenir propriétaires. Nous signons une vente pour une maison future promise pour fin 2018. 

- 2018, je quitte l'équipe de maintenance pour un autre poste sur Dijon.

- 2019, l'enculé qui se disait promoteur coule sa boîte. Le pauvre connard a mal géré son entreprise qui est liquidée, nous laissant comme d'autres familles, avec un crédit immobilier mais sans maison. A ce jour, la maison n'est pas habitable. C'est encore long pour que des artisans me répondent et acceptent de finir les travaux, déjà officiellement payés au constructeur, que nous devrons financer en vidant nos épargnes et celles des enfants. 
Au boulot, j'agace la hiérarchie par mes questionnements sur les procédures. Incapable de la moindre explication techniquement valable, la seule raison qu'elle me donne pour les justifier est qu'elles sont écrites. Entre deux conceptions, celle des chefs étant forcément la plus valable, ils ont attendu une faute pour me demander de retourner en équipe. Tant mieux ! 
À la fin de l'année, une petite fille transforme la fratrie. 

- 2020, l'année covid et confinement. Ce n'est pas facile, entassés à 6 dans un petit appart pourri. Le télétravail consiste à rédiger des fiches de sécurité absurdes, censées aider les équipes dans leurs manœuvres. Elles deviendront les seules procédures imposées, qu'elles soient bien ou mal écrites. Les plus expérimentés peuvent y trouver des erreurs, mais ne sont plus autorisés à les corriger par eux-mêmes, malgré l'ancienneté, l'expérience et les habilitations. Il faut demander un correctif à la hiérarchie. La plupart du temps, le correctif est rédigé par un détenteur d'autorité, certes, mais qui travaille sur schéma, sans expérience de terrain, souvent même pas formé ni habilité. Les équipes, dont moi, ont, à très juste titre, l'impression d'être pris pour des incompétents.
J'avais quitté l'armée pour ma famille et pour fuir la connerie ; elle a envahit aussi mon nouveau boulot. Si je n'avais pas promis d'assurer un toit et des assiettes à ma famille, j'irais voir ailleurs, encore.

- 2020-aujourd'hui, en dehors d'un changement d'adresse pour un logement plus grand, plus confortable, plus tout, c'est le retour à la vie quotidienne de père de famille qui assure la rentrée de ses revenus alimentaires, en surveillant un peu l'évolution du service, car ça s'excite un peu trop aux rh. J'ai du mal à suivre réellement la vie du foyer, l'emploi du temps des enfants, et me repose, sûrement trop, sur Julie.

Initialement, ce post faisait un bilan très léger pour la fin d'année 2014. L'image d'illustration allait bien à l'époque.