vendredi 2 novembre 2012

Être noté à sa juste valeur... ou pas.



Cette semaine, dans ma classe d’alternance, nous avons tous été soumis à notre première épreuve d’examen qui s’intitule : organisation de chantier.

Dans l’idée, nous sommes chargés de préparer et gérer une série de travaux électriques afin de fournir à un client un résultat conforme à sa demande, tout en respectant bien entendu les règles de l’art et de sécurité.

Si l’idée semble très cohérente avec le boulot qui pourra être le notre après l’obtention de nos diplômes, je n’en reste pas moins sceptique quant à la pertinence de cette épreuve dans sa préparation et son déroulement. Pour moi, globalement, nous n’avons jamais bossé d’une manière telle que nous le ferons sur des chantiers réels.

Premier problème, c’est une épreuve d’examen et pour la plupart d’entre nous, la première que nous vivons. En maths, physique, français, anglais, partout ailleurs, en cours d’année, on est soumis à des évaluations dans des circonstances d’examen, mais ici, ça n’a jamais été le cas. Nous découvrons les circonstances d’examen le jour J. Parfait pour se sentir serein !

Second problème, l'organisation de l'épreuve elle-même. Nous avons pris connaissance de la demande du client le lundi à 8h00 pour des travaux commençant le lendemain. Nos évaluateurs nous ont donné la journée (8 heures) pour préparer le dossier de travaux. Ceci n’arrive jamais ! Si une entreprise en vient à accepter des travaux sans en connaître l’ampleur la veille pour le lendemain, c’est qu’elle a un besoin urgent de boulot pour occuper ses ouvriers et faire entrer de l’argent dans les caisses : l’heure est grave, préparez vos CV pour le Pôle Emploi !

S’il est possible d’analyser un cahier des charges en une journée, il faut bien entendu plus de temps pour déterminer les solutions les plus adaptées, puis commander le matériel nécessaire à la réalisation des travaux. A moins de disposer d’un stock phénoménal de toutes sortes de trucs, il est impossible d’obtenir la totalité d’une commande en quelques heures auprès des fournisseurs. C’est donc naturellement que nos évaluateurs, qui eux ont choisi nos chantiers, avaient préalablement commandés divers matériels qu’ils ont estimés nécessaires à la réalisation des chantiers. Je répète : « qu’ils ont estimés nécessaires à la réalisation des chantiers » ! Eux ! Pas nous !

Nous aurions beau prévoir tel ou tel matériel, tel ou tel outil, nous n’aurions de toute manière pour travailler que ce qu’ils avaient prévu pour nous !
Alors comment préparer notre dossier ? Devions nous le préparer tel que nous l’aurions fait réellement, avec nos demandes et commandes d’outils et matériels ? Ou devions nous préparer nos dossiers en fonction de ce qui serait réellement disponible ?

Je vais prendre l’exemple qui a été le notre. Nous devions, par groupe indépendants, organiser 4 chantiers. Si chaque groupe disposait de sa propre caisse à outils (caisse totalement fantaisiste, soit dit en passant, puisque ne comportant que 4 tournevis et 2 pinces pour les professionnels que nous sommes censés être), l’ensemble des 4 groupes ne disposaient que de 2 petits escabeaux, 2 grands, 1 échafaudage et 1 perceuse.
Premier blocage : comment peut-on travailler en indépendant, si on doit partager du matériel commun ?
Second blocage : tous les chantiers devaient travailler à une hauteur telle que les petits escabeaux ne suffisaient pas. L’échafaudage n’étant pas déplaçable d’une pièce à l’autre une fois monté, il restait donc pour les 3 chantiers qui n’avaient pas cet appareil à se partager 2 escabeaux. Il m’avait paru utile à ce moment là de réunir l’ensemble des chantiers afin de répartir en avance l’utilisation de ces 2 escabeaux pour que chacun avance correctement. En effet, si chacun préparait dans son coin, tous les chantiers avaient besoin des 2 escabeaux en quasi permanence. On pouvait ensemble trouver des solutions, mais nous avions besoin de nous réunir. Bien entendu, cette organisation préalable a été rejetée par nos évaluateurs, à croire que leur but réel était qu’on se chamaille et qu’on se pique les matériels communs dans une petite guéguerre de qui-qui-va-finir-son-chantier-en-premier. C’est ce second phénomène qui me laisse penser encore une fois que nous n’avons pas pu nous organiser comme nous le voulions, mais comme ils l’avaient décidé.

Au final, quand il eu fallu répartir les matériels communs sur le planning commun (tiens, on doit remplir un planning commun tout en ayant préparé chacun dans son coin ? Vraiment je ne pige pas la pédagogie en vigueur…), bien entendu chaque chantier avait besoin du même outil au même moment. Bien entendu, il y a donc incohérence entre le planning commun de réservation et les 4 plannings des chantiers « indépendants ». Bien entendu, nous allons être évalué et pénaliser sur cette incohérence. A moins que chaque chantier réussisse à refaire son planning en fonction des horaires de disponibilité des matériels.
Pour une première organisation de chantier, et il faudrait reprendre tout le dossier une seconde fois dans la même journée ? Oui, pas de problème pour un chantier réel : tu es en retard la veille, tu finis le soir et tant pis si tu rentres chez toi à 23 heures. Mais là, on n’a pas le droit de rester au boulot après l’heure. Nous allons donc une nouvelle fois être évalués sur un dossier incomplet ou incohérent, parce que nous n’avons pas le choix du temps qu’on va passer sur le dossier, alors qu’une seule petite heure de plus pourrait suffire. Ceci dit, nous aurions pu tous rester dans les délais et réussir un dossier très bon si dès le début on nous avait autorisé à préparer les 4 chantiers ensemble plutôt que séparément.


J’affirme que, quelles qu’elles soient, bonnes ou mauvaises, les notes qui nous serons attribuées à cette épreuve ne reflèteront pas nos capacités, puisque nous avions trop peu de liberté dans la préparation de nos dossiers. Pour qu’elles se rapprochent de nos capacités réelles, il aurait fallu :
- un vrai délai entre une demande client et les débuts de travaux.
- une présence de matériels et d’outils conforme aux besoins que nous avions déterminés pour réaliser les travaux (nous n’avions même pas de chevilles et vis pour fixer les matériels à monter !)
- la possibilité, si un matériels n’est pas dispo, de proposer au client une nouvelle date de réception de chantier (quand une entreprise ne possède qu’une seule grue, elle ne l’envoie pas sur 2 chantiers le même jour ! Nous on est censé y arriver…)

L’épreuve que nous avons subit, mes camarades et moi, n’est pas notre organisation de chantier, mais notre gestion de l’organisation faite par les évaluateurs. Tant mieux si on est bien noté, mais moi ça me fais chier quand même d'être évaluer sur un truc que je ne contrôle pas suffisamment.


Allez, à mon tour je vous organise un truc : dans 2 heures, vous me dessinez une voiture au fusain. Vous avez une heure pour lister ce qu’il vous faut, et une heure après je récupère vos dessins. J’ai déjà pensé à préparer les feuilles et fusains pour dessiner. Il y a 8 feuilles de papier glacé (tant pis pour les essais et brouillons et démerdez vous pour que le dessin se voit) et 4 fusains. Bien entendu, il vous est interdit de parler entre vous et de répartir à l’avance l’utilisation des fusains. La note comptera pour votre examen.


A dans 2 heures !